Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’âme est sauve, le corps peut périr. Ô Laïs, ô Ninon, que vous eûtes raison de mépriser cette blême sagesse ! Une grisette, libre et joyeuse, pour mille vieilles filles blanchies dans la vertu !



« Axiome, principe, point d’appui moral, autres formes sous lesquelles s’exprime l’idée fixe.

Archimède demandait, pour soulever la terre, un point d’appui en dehors d’elle. C’est ce point d’appui que les hommes ont sans cesse cherché et que chacun a pris où il l’a trouvé et comme il l’a trouvé. Ce point d’appui étranger est le monde de l’Esprit, le monde des idées, des pensées, des concepts, des essences, etc., c’est le Ciel. C’est sur le ciel qu’on s’appuie pour ébranler la terre, et c’est du ciel qu’on se penche pour contempler les agitations terrestres et — les mépriser. S’assurer le ciel, s’assurer solidement et pour toujours le point d’appui céleste, combien a peiné pour cela la douloureuse et inlassable humanité !

Le Christianisme s’est proposé de nous délivrer du déterminisme de la nature et de la fatalité des appétits, Son but était donc que l’homme ne se laissât plus déterminer par ses désirs et ses passions, ce qui n’implique pas que l’homme ne doit pas avoir de désirs, de passions, etc., mais qu’il ne doit pas se laisser posséder par eux, qu’ils ne doivent pas être dans sa vie des facteurs fixes, incoercibles et inéluctables.

Mais ce que le Christianisme (la Religion) a machiné contre les appétits, ne serions-nous pas en droit de le retourner contre l’Esprit (pensées, représentations, idées, croyances, etc.), par lequel il prétend que nous soyons déterminés ? Ne pourrions-nous exiger que l’Esprit, les représentations, les idées, ne pussent plus nous déterminer, cessassent d’être fixes et hors d’atteinte, autrement dit « sacrées » ? Cela