qui attend de nous, lorsqu’il nous parle, un air pénétré et un ton de bonne compagnie. Ce qui nous est donné nous est étranger, ne nous appartient pas en propre ; aussi est-ce « sacré » et est-il malaisé de se dépouiller du « saint émoi » que cela nous inspire.
On entend beaucoup vanter aujourd’hui le « sérieux », la « gravité dans les sujets et les affaires de haute importance », la « gravité allemande », etc. Cette façon de prendre les choses au sérieux montre clairement combien déjà invétérées et graves sont devenues la folie et la possession. Car il n’y a rien de plus sérieux que le fou lorsqu’il se met à chevaucher sa chimère favorite ; devant son zèle, il ne s’agit plus de plaisanter. (Voyez les maisons de fous.)
§ 3. — La Hiérarchie
Les réflexions historiques sur notre hérédité mongole que j’intercale ici sous forme de digression n’ont aucune prétention à la profondeur ni à la solidité. Si je les présente au lecteur, c’est simplement parce qu’il me semble qu’elles peuvent contribuer à l’éclaircissement du reste.
L’histoire de l’humanité, qui tient à proprement parler tout entière dans l’histoire de la race caucasique, paraît avoir parcouru jusqu’à présent deux périodes ; à la première, durant laquelle nous eûmes à nous dépouiller de notre originelle nature nègre, succéda la période mongole (chinoise), à laquelle il faudra également mettre fin par la violence. La période nègre représente l’Antiquité, les siècles de dépendance vis-à-vis des objets (repas des poulets sacrés, vol des oiseaux, éternuement, tonnerre et éclairs, bruissement des arbres, etc.) ; la période mongole représente les siècles de dépendance vis-à-vis des pensées, l’Ère chrétienne. C’est à l’avenir que sont réserves ces paroles : « Je suis possesseur du monde des objets, et je suis possesseur du monde des pensées. »