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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/17

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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

III

temporains qui se rappellent encore le titre de son œuvre apprennent avec quelque surprise que l’auteur vient seulement de s’éteindre dans la misère et dans l’oubli. Pendant cinquante ans, l’ombre s’amasse sur son nom et sur son œuvre ; seuls, quelques curieux que leurs études forcent à fouiller les coins poudreux des bibliothèques ont feuilleté d’un doigt soupçonneux ce livre réprouvé ; s’ils en parlent parfois, en passant, c’est comme d’un paradoxe impudent ou d’une gageure douteuse. — Les idées marchent, et un jour vient où l’on s’avise que ce solitaire inconnu a été un des penseurs les plus vigoureux de son époque ; on s’aperçoit qu’il a prononcé les paroles décisives dont nous cherchions hier encore la formule, et cet isolé retrouve che^ nous une famille. Il sort de l’oubli, et des mains pieuses cherchent à retrouver sous la poussière d’un demisiècle les traces de ce passant hautain en qui palpitaient déjà nos haines et nos amours d’aujourd’hui. Le poète f.-H. Mackay, dont nos lecteurs connaissent le roman « Anarchistes », publié dans cette même biblio thèque Sociologique a pendant dix ans recueilli avec un soin jaloux tous les documents, tous les renseignements, tous les indices capables de jeter quelque clarté sur la vie de Max Stirner ; mais la consciencieuse enquête à laquelle il s’est livré, les fouilles laborieuses qu’il a pratiquées dans les regis tres desfacultés, les publications de l’époque et les souvenirs de ceux qui avaient croisé son héros dans la vie — nous osons à peine dire de ceux qui l’avaient connu — n’ont malheu reusement point réussi a faire sortir Stirner de « l’ombre de son esprit » . L’ouvrage, fruit de ses patientes recher ches ’ , nous donne une description exacte jusqu’à la minu tie du milieu dans lequel dut évoluer l’auteur de /’Uni que, ses tableaux abondants et sympathiques font revivre les hommes qu’il dut fréquenter, les êtres et les choses parmi lesquels il vaut ; mais cette esquisse, encore pleine de la- (i) J.-H. Mackay, Max Stirner, sein Leben und sein Werk (Èerhn, Schuster et Loejfler, i898).