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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/203

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gueuserie pure : ses dernières guenilles tombées, le gueux, se dressant dans sa nudité, dépouillé de toute enveloppe étrangère, se trouve avoir rejeté même sa gueuserie et cesser d’être un gueux.

Je ne suis plus un gueux, mais j’en fus un.



Si l’on n’est pas, jusqu’à cette heure, parvenu à s’entendre, c’est que toute la bataille s’est livrée entre les partisans d’une « liberté » » parcimonieusement mesurée et ceux qui veulent « pleine mesure » de liberté, c’est-à-dire entre les modérés et les immodérés. Tout dépend de la réponse que l’on fera à la question : Comment et jusqu’à quel point faut-il que l’homme soit libre ? Que l’homme doive être libre, tous le pensent, aussi tous sont libéraux. Mais ce non-homme qui se cache au fond de chaque individu, quelle barrière lui opposer ? Comment faire pour libérer l’homme sans, du même coup, mettre en liberté le non-homme ?

Le Libéralisme, quelle que soit sa nuance, a un ennemi mortel, qui lui est aussi irréductiblement opposé que le Diable l’est à Dieu : toujours à côté de l’homme se dresse le non-homme, et l’égoïste à côté de l’individu. État, Société, Humanité, rien ne parvient à déloger ce diable de ses positions.

Le Libéralisme humanitaire a pris à tâche de prouver aux autres Libéraux qu’ils n’ont pas encore la moindre idée de ce que c’est que vouloir la « liberté ».

Les autres Libéraux n’apercevaient que l’égoïsme individuel, et le plus grave leur échappait ; le Libéralisme radical, lui, dirige ses batteries contre l’égoïsme « en bloc », et renie « en bloc » tous ceux qui n’embrassent pas comme leur propre cause la cause de la liberté ; d’où, grâce à lui, opposition aujourd’hui complète et hostilité implacable entre l’homme et le non-