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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/30

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XVI

PRÉFACE DU TRADUCTEUR

les dits philosophes ne connaissent pas l’homme réel et ne se connaissent pas comme hommes réels, mais qu’ils ne s’occupent que de l’Homme, de l’Esprit en soi, a priori, des noms et jamais des choses et des personnes. C’est ce que Stirner exprime négativement dans sa critique acérée et irréfutable, lorsqu’il analyse les illusions de l’idéalisme et démasque les mensonges du dévouement et de l’abnéga tion... ’ »

Je souligne ces mots expression négative^ ;V demande : quelle serait donc la traduction positive de son œuvre ? Quel « par conséquent » peut-on logiquement en déduire, et de quelle suite positive est-elle susceptible ? Telle est la question que s’est posée entre autres Lange, qui regrette que Stirner n’ait pas complété son Hure par une seconde partie et suppose que « pour sortir de mon moi limité, je puis, à mon tour, créer une espèce quelcon que d’idéalisme comme l’expression de ma volonté et de mon idée. » M. Lichtenberger, de son côté, dans une courte no tice consacrée à Stirner s se demande quelle forme sociale pourrait résulter de la mise en pratique de ses idées. Ce sont là, je crois — et j’aborde ici le point le plus délicat de cette étude — des questions que l’on ne peut pas se poser ; je pense que du livre de Stirner aucun sys tème social ne peut logiquement sortir (en entendant par logiquement ce que lui-même aurait pu en tirer et non ce que nous bâtissons sur le terrain par lui déblayé) ; comme Samson, il s’est enseveli lui-même sous les ruines du monde religieux renversé. Pourquoi ? C’est ce qu’il me reste à montrer.

« Amis, dit-il quelque part % notre temps n’est pas malade, mais il est vieux et sa dernière heure a sonné ; ne le tourmente^ donc point de vos remèdes, mais soulage^ (1) Die philosophischen Reactionaere, Kl. Schriften, édit-Mackay, p. 182, 18).

(2) Nouvelle revue, 1} jiullet 18^4. (3) Die Mysterien von Paris, Kl. Schriften, éd. Mackay, p. 101.