Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/325

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Le crime est suivi du châtiment. Si le Sacré disparaît, entraînant le crime avec lui, le châtiment doit disparaître également, car lui non plus n’a de signification que par rapport au Sacré. On a aboli les peines ecclésiastiques. Pourquoi ? Parce que la façon dont il se comporte envers le « saint Dieu » est l’affaire de chacun. Comme est tombée la peine ecclésiastique doivent tomber toutes les peines. Si le péché envers son Dieu est l’affaire personnelle de chacun, il en est de même du péché envers tout Sacré quel qu’il soit. Suivant la doctrine de notre droit pénal, que l’on s’efforce vainement de rendre moins anachronique, on punit les hommes de telle ou telle « inhumanité », et l’on démontre ainsi par l’absurdité de leurs conséquences la niaiserie de ces théories qui font pendre les petits voleurs et laissent courir les grands. Pour un attentat contre la propriété, on a le bagne, et pour un « viol de pensées », pour l’oppression des « droits naturels de l’homme », on n’a que des représentations et des prières.

Le Code pénal n’existe que grâce au Sacré et disparaîtra de lui-même quand on renoncera au châtiment. Partout, actuellement, on veut créer un nouveau Code pénal, sans éprouver le moindre scrupule au sujet des pénalités à édicter. C’est pourtant justement la peine qui doit disparaître, pour faire place à la satisfaction : satisfaction, encore une fois, non point du Droit ou de la Justice, mais de nous. Si quelqu’un nous fait ce que nous ne voulons pas qui nous soit fait, nous brisons sa puissance et nous faisons prévaloir la nôtre : nous nous donnons satisfaction à son égard sans faire la folie de vouloir donner satisfaction au Droit (au fantôme). C’est l’homme qui doit se défendre contre l’homme, et ce n’est pas le Sacré, pas plus que ce n’est Dieu qui se défend contre l’homme ; — encore que jadis, et parfois aussi de nos jours, on ait vu tous les « serviteurs de Dieu » lui prêter main-forte pour châtier l’impie, comme ils prêtent aujourd’hui main-