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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/33

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PRÉFACE DE TRADUCTEUR

XIX

de perpétuer l’écrasement du faible actuel par le fort ac-’ tuel, ils ont mis en évidence son caractère essentiellement inhibiteur et stérilisant. Loin de pouvoir être un ressort pour l’activité individuelle, l’Etat ue peut que comprimer, paralyser et annihiler les efforts de l’individu. Stirner, de son côté, met en hrmière l’étouffement des forces vives de l’individu par la végétation parasite et stérile des facteurs régulateurs moraux. 77 dénonce dans la justice, la moralité et tout l’appareil des sentiments « chrétiens » une nouvelle police, une police morale, ayant même origine et même but que la police de l’Etat : prohiber, réfréner et immobiliser. Les veto de la conscience s’ajoutent aux veto de la loi ; grâce à elle, la force d’autrui est sanctifiée et s’appelle le droit, la crainte devient res pect et vénération, et le chien apprend à lécher le fouet de son maître.

Les premiers disaient : que l’individu puisse se réaliser librement sans qu’aucune contrainte extérieure s’oppose à la mise en œuvre de ses facultés : l’activité libre seule est féconde. Stirner répond : que l’individu puisse vouloir librement et ne cherche qu’en lui seul sa règle, sans qu’au cune contrainte intérieure s’oppose à l’épanouissement de sa personnalité : seule l’individuelle volonté est créatrice. Mais l’individualisme ainsi compris n’a encore que lavaleurnégative d’une révoltent n’est que la réponse de maforce à une force ennemie. L’individu n’est que le bélier logique à l’aide duquel on renverse les bastilles de l’autorité : il n’a aucune réalité et, n’est qu un dernierfantôme rationnel, le fantôme de V Unique.

Cet Unique où Stirner aborda sans reconnaître h sol nouveau sur lequel il posait le pied, croyant toucher le der nier terme de la critique et l’écueil où doit sombrer toute pensée, nous avons aujourd’hui appris à le connaître : Dans le moi non rationnel fait d’antiques expériences ac cumulées, gros d’instincts héréditaires et de passions, et siège de notre « grande volonté » opposée à la a petite vo lonté » de l’individu égoïste, dans cet « Unique » du lo gicien, la science nous fait entrevoir le fond commun à tous