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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/333

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pour la « masse » devrait, s’il arrivait au pouvoir, se traduire par des mesures de répulsion pratique.

Les représentants des différentes nuances du Libéralisme sont en désaccord sur l’extension à donner à l’idée d’ « Homme » et sur ce qu’en doit retirer l’homme individuel, c’est-à-dire sur la définition de l’Homme et de l’humain ; l’homme politique, l’homme moral et l’homme « humain » ont revendiqué tour à tour, et toujours plus catégoriquement, le titre d’Homme. Celui qui définit le mieux ce qu’est l’ « Homme » est aussi celui qui sait le mieux ce que doit avoir l’ « Homme ». Ce concept, l’État ne le saisit que dans son acception politique ; la Société, d’autre part, ne comprend que sa portée sociale ; seule, dit-on, l’Humanité l’embrasse tout entier : « L’histoire de l’humanité en est le développement. » Découvrez l’Homme, et vous connaîtrez par le fait même ce qui est propre à l’Homme, la propriété de l’Homme ou l’humain.

Mais que l’homme individuel prétende à tous les droits du monde, qu’il invoque à leur appui l’autorité de l’« Homme » et son titre d’homme, que m’importent, à Moi, son droit et ses prétentions ? Ses droits, il ne les tient que de l’Homme, et non de Moi : aussi n’a-t-il à mes yeux aucun droit. Sa vie, par exemple, ne m’importe que pour autant qu’elle a une valeur pour Moi. Je ne respecte pas plus son prétendu droit de propriété, ou droit sur les biens matériels, que je ne respecte son droit sur le « sanctuaire de son âme » ou droit de garder intacts ses biens spirituels, ses idoles et ses dieux. Ses biens, tant matériels que spirituels, sont à Moi, et je les traite en propriétaire selon — mes forces.

La « question de la propriété », dans les termes où on la pose, n’en est pas une ; ne visant que ce qu’on nomme notre avoir, elle est trop étroite et n’est susceptible d’aucune solution ; c’est à « celui de qui nous