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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/364

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importantes que tout ce que vous avez fait jusqu’ici avec vos milliers d’écus ? Si vous ne receviez plus qu’un salaire comme le nôtre, vous deviendriez bientôt plus assidus pour gagner davantage. Si vous exécutez des choses qui nous semblent valoir dix fois, cent fois plus que notre propre travail, qu’à cela ne tienne, vous en recevrez cent fois plus. De notre côté, nous projetons aussi des travaux que vous nous paierez mieux que de notre salaire habituel. Nous serons bientôt d’accord, pourvu qu’il soit bien entendu que personne n’a plus à faire ni à recevoir de cadeaux.

Qui sait ? Nous pourrons même bien aller jusqu’à payer de notre poche un prix équitable aux infirmes, aux malades et aux vieillards, pour que la faim et la misère ne nous les enlèvent pas ; car si nous voulons qu’ils vivent, la satisfaction de ce désir il convient que nous l’— achetions. Je dis bien : que nous l’« achetions », je ne songe nullement à une misérable « aumône ». Leur vie est aussi leur propriété, à ceux-là mêmes qui ne peuvent pas travailler ; et si nous voulons (n’importe pour quelle raison) qu’ils ne nous privent pas de cette vie qui est à eux, il n’y a pas d’autre moyen d’obtenir ce résultat qu’en l’achetant. Il se pourra même, un peu parce que nous aimons à voir autour de nous des visages souriants, que nous voulions leur bien-être.

Seulement, plus de cadeaux ! Gardez les vôtres, et n’en attendez plus de nous. Il y a des siècles que nous vous faisons l’aumône avec une bonne volonté — stupide, il y a des siècles que nous gaspillons l’obole du pauvre et que nous rendons au seigneur — ce qui n’est pas au seigneur. C’est fini : déliez les cordons de votre bourse, car dès à présent le prix de notre marchandise est en hausse énorme. Nous ne vous prendrons rien, rien du tout, mais vous paierez mieux ce que vous voudrez avoir.

Toi, quelle est ta fortune ? — J’ai un bien de