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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/478

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Son développement mène l’un dans une maison de santé et conduit l’autre au Panthéon ou au — Walhalla.

Il n’y a ni pécheurs ni égoïsme pécheur !

Laisse-moi donc en paix, avec ton « amour de l’Homme » ! Glisse-toi, ô philanthrope, par la porte entrebâillée des « cavernes du vice », attarde-toi dans la cohue de la grande ville : ne vois-tu pas partout des péchés, des péchés et encore des péchés ? Ne gémis-tu pas sur l’humanité corrompue, ne déplores-tu pas le monstrueux épanouissement de l’égoïsme ? Verras-tu un riche sans le trouver impitoyable et « égoïste » ? Tu t’intitules peut-être athée, mais tu restes fidèle au sentiment chrétien qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche de n’être pas « inhumain ». Combien as-tu déjà rencontré de gens que tu n’aies pas rejetés dans la « masse égoïste » ? Ah ! ton amour de l’Homme ! À quoi a-t-il abouti ? Tu ne vois plus que des hommes indignes d’amour ! Et d’où sortent-ils ? De ta philanthropie ! Tu t’es fourré en tête le pécheur, et de là vient que tu le trouves ou le supposes partout.

N’appelle pas les hommes des pécheurs et ils n’en seront pas ; toi seul es le créateur des péchés ; c’est toi, qui t’imagines aimer les hommes, qui les jettes dans la fange du crime, c’est toi qui les fais vicieux ou vertueux, hommes ou inhumains, et c’est toi qui les éclabousses de la bave de ta possession ; car tu n’aimes pas les hommes, mais l’Homme. Je te le dis : tu n’as jamais vu de pécheurs, tu n’en as que — rêvé.

Je gaspille ma jouissance de moi, parce que je crois devoir servir un autre que moi, parce que je me crois des devoirs envers lui et me crois appelé au « sacrifice », au « dévouement », à l’« enthousiasme ». Eh bien ! si je ne sers plus aucune idée, aucun « être supérieur », il va de soi que je ne servirai plus non plus aucun homme sauf — et dans tous les cas — Moi. Et ainsi ce n’est pas seulement par l’être