Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/129

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ils deviendront des vauriens, or c’est justement votre sens qui ne vaut rien. Les mauvais garnements ne s’en laisseront plus accroître et n’écouteront plus vos criailleries, ils seront sans pitié pour les folies qui de tout temps vous ont fait extravaguer et radoter : ils aboliront le droit d’héritage, c’est-à-dire qu’ils ne voudront pas hériter vos sottises comme vous avez hérité celles de vos pères ; ils extirperont le péché héréditaire. Si vous leur ordonnez : courbe-toi devant le Très-Haut, — ils répondront : S’il veut nous courber, qu’il vienne ne personne et le fasse, nous, du moins, nous ne nous inclinerons pas de plein gré. Si vous les menacez de sa colère et de sa vengeance, ils y croiront comme à une menace du loup-garou. Si vous ne réussissez plus à leur inspirer cette crainte des fantômes, c’est que le règne des fantômes va finir et que l’on ne croit plus aux contes de nourrices.

Et ne sont-ce pas encore justement les libéraux qui prêchent l’éducation et poussent à améliorer le mode d’éducation ? Car comment sans discipline pourrait subsister leur libéralisme, leur « liberté contenue dans les limites de la loi ? » S’ils n’élèvent pas précisément les enfants dans la crainte de Dieu, ils exigent d’autant plus sévèrement la crainte des hommes et éveillent par la discipline « l’enthousiasme pour la mission véritable de l’homme. »




Une longue époque s’écoula pendant laquelle on se contenta de l’illusion d’avoir la vérité sans que l’on se fût jamais demandé sérieusement si soi-même l’on ne devait pas être vrai pour posséder la vérité. Ce fut le