Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/154

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à « la nation souveraine ». Cette monarchie était mille fois plus tranchante, plus sévère et plus conséquente. Contre le nouveau souverain il n’y avait plus aucun droit, plus de privilèges ; combien est limité, en comparaison, le « roi absolu » de l’ancien régime. La révolution transforme la monarchie limitée en monarchie absolue. Désormais tout droit qui n’est pas conféré par ce monarque est une « usurpation ». Mais tout privilège qu’il confère est un « droit ». Les temps aspiraient à la monarchie absolue, c’est pourquoi fut renversée cette soi-disant monarchie absolue, qui s’entendait si peu à l’être qu’elle restait limitée par mille petits souverains.

Trouver le seigneur absolu auprès duquel il n’y aurait pas d’autres rois ou roitelets pour amoindrir sa force, fut le désir et l’effort constant des siècles et c’est la bourgeoisie qui fit cette œuvre. Elle a révélé le souverain qui seul confère des « titres », sans l’autorisation duquel rien n’est permis. « Ainsi nous savons maintenant que les Dieux ne sont rien dans le monde et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que l’Unique[1] ».

On ne peut plus marcher contre le droit, comme on le fait contre un droit avec l’affirmation qu’il est un non-droit. On peut simplement dire qu’il est une folie, une illusion. Si on l’appelle un non-droit, il faut placer en face un autre droit et le mesurer à celui-ci. Si, au contraire, on rejette le droit comme tel, le droit en soi et pour soi, totalement, on rejette aussi l’idée du non-droit et l’on anéantit toute idée du droit à quoi se rattache l’idée du non-droit.

Que signifie la formule « nous jouissons tous de l’égalité des droits politiques ? » Tout simplement que l’État

  1. Aux Corinthiens 8,4.