Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/176

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pires misères, les opprimés, c’est-à-dire les membres des régions inférieures de la Société, pensent qu’il faut lui en attribuer la faute et se donnent pour tâche de découvrir la Société juste. C’est toujours l’antique illusion qui nous fait chercher la faute chez les autres et non en nous-mêmes ; c’est ainsi que nous rendons l’État responsables de l’avarice des riches, etc., qui pourtant doivent leur existence précisément à notre faute.

Les réflexions et conclusions du communisme paraissent très simples. Au point où en sont les choses, dans les conditions actuelles de l’État, les uns ont le désavantage sur les autres, et à vrai dire, c’est la majorité qui est en infériorité sur la minorité. Dans cette situation, les uns se trouvent en état de prospérité, les autres en état de nécessité.

Par suite, le présent état de choses, c’est-à-dire l’État (status = état) doit être aboli. Et quoi à la place ? À la place de la prospérité isolée — la prospérité générale, la prospérité de tous.

Par la Révolution, la bourgeoisie devint toute puissante, toute inégalité disparut en ce sens que chacun fut élevé ou abaissé à la dignité de citoyen : l’homme du commun fut élevé, le noble abaissé : le Tiers-État devint la seule classe, la classe des citoyens. Le communisme réplique alors : notre dignité, notre essence véritable, ce n’est pas d’être tous enfants égaux de l’État, notre père, et d’avoir un droit égal à son amour et à sa protection, elle consiste en ceci que nous devons tous exister les uns pour les autres. Voilà notre véritable égalité ; en d’autres termes nous sommes tous égaux en ceci que moi, toi, nous tous, nous déployons notre activité, nous « travaillons », chacun pour tous, chacun de nous est un travailleur. Cette inégalité ne