Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/283

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car vous n’êtes pas aussi grands qu’un criminel, vous n’attentez à rien. Vous ne savez pas qu’un moi propre, ne peut être autre chose que criminel, que le crime est sa vie. Et cependant vous devriez le savoir, car vous croyez « que nous sommes tous pécheurs ». Mais vous pensez vous étourdir sur le péché, vous ne concevez pas — car vous êtes peureux en diable — que la faute fait la valeur de l’homme. Ô si vous étiez coupables ! Mais vous n’êtes que des « justes ». Alors contentez-vous de satisfaire votre maître !

Si la conscience chrétienne ou l’homme chrétien dresse un code de justice criminelle, l’idée du crime peut-elle être autre chose que « le manque de cœur ». C’est un crime de porter atteinte aux rapports du cœur, de se comporter en homme sans cœur à l’égard d’une chose sacrée. Plus le rapport lésé touche intimement aux choses du cœur, plus criante est l’insulte et le crime commis mérite d’autant plus d’être châtié. Quiconque est sujet du Seigneur doit l’aimer : nier cet amour est une haute trahison qui mérite la mort. L’adultère est un manque de cœur qui mérite d’être puni : c’est qu’on n’a pas de cœur, pas d’enthousiasme, pas de transport pour la sainteté du mariage. Tant que le cœur ou le sentiment dicte les lois, l’homme de cœur ou de sentiment jouit de la protection des lois. Dire que l’homme de sentiment donne des lois, c’est dire en réalité que l’homme moral les donne : l’un et l’autre repoussent ce qui est en opposition avec « leur sentiment moral ». Comment, par exemple, l’infidélité, la désertion, l’adultère, bref tout déchirement, toute rupture radicale de liens vénérables ne seraient-ils pas à leurs yeux funestes et criminels ? Celui qui rompt avec ces exigences du sentiment a tous les gens mo-