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2. — MES RELATIONS


Dans la société, les exigences humaines peuvent tout au plus être satisfaites, tandis que celles de l’égoïsme n’y trouvent jamais leur compte.

Il est indéniable qu’entre toutes les questions actuelles, c’est la question « sociale » qui intéresse le plus notre époque ; c’est donc sur la société que nous avons à porter plus particulièrement notre attention. Si l’intérêt qu’on y apporte était moins passionné et moins aveugle, la Société ne nous ferait pas perdre de vue les individus et nous reconnaîtrions qu’une Société ne peut se rajeunir tant que ceux qui la composent et la constituent restent vieux. Par exemple, s’il devait naître dans le peuple juif une Société appelée à propager sur terre une nouvelle foi, ses apôtres ne pourraient rester des pharisiens.

Tu te donnes et te comportes envers les hommes comme tu es : hypocrite, tu agis en hypocrite, chrétien, en chrétien. C’est pourquoi le caractère des associés détermine celui de la Société : ils en sont les créatures. C’est tout au moins ce qu’il faut reconnaître, même quand on se refuse à examiner le concept « Société » en lui-même.

Bien loin d’être parvenus à se mettre en valeur et à se développer complètement, les hommes n’ont même pas pu jusqu’ici fonder leurs Sociétés sur eux-mêmes, ou plutôt ils n’ont pu que fonder des « sociétés » et vivre en société. Ces sociétés furent toujours des personnes, et des personnes puissantes, des « personnes morales », c’est-à-dire des fantômes, qui frappaient