Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/302

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l’esprit vagabond, et voici que j’entends sonner les cloches qui t’appellent au repos éternel, je quitte alors le foyer désert du défunt et je retourne aux vivants :


Car seuls les vivants ont raison.


Adieu, rêve de tant de millions d’hommes, adieu, toi qui fus tant de siècles, le tyran de tes enfants !

Demain, on te mène au tombeau et bientôt suivront tes filles, les nations. Quand elles auront toutes passé, l’humanité sera ensevelie et je serai alors bien à moi, je serai l’héritier joyeux !




Le mot « Gesellschaft » a son origine dans le mot « saal ». Quand une salle contient beaucoup d’hommes, la salle fait que les hommes sont en société. Ils sont en Société et constituent au cas le plus favorable un salon, quand ils emploient les formes traditionnelles du langage de salon. Quand on vient au commerce réel entre les hommes, il faut le considérer comme indépendant de la Société, il peut exister ou manquer sans que la nature de ce qu’on appelle la Société en soit altérée. Des gens qui se trouvent dans une salle, même s’ils sont personnages muets ou s’ils se bornent à échanger en mangeant quelques phrases de politesse constituent une Société. Commerce est réciprocité, c’est le commercium des individus ; Société n’est que le fait d’occuper en commun une salle ; les statues d’une salle de musée sont en société, elles sont « groupées ». On a coutume de dire que nous avons une salle en commun, mais c’est bien plutôt la salle qui nous a en elle. Il en résulte que la société n’est pas créée par toi et par moi, mais par