Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/314

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n’est que l’expression bornée de mon moi, ma limitation, mon esclavage. L’État cherche à établir non pas l’activité libre de l’individu, mais une activité qui soit liée au but de l’État. L’État ne crée rien qui ait un caractère commun, pas plus qu’on ne peut dire d’un tissu qu’il est le travail commun de toutes les parties intégrantes de la machine : c’est plutôt le travail de toute la machine, considérée dans son unité, c’est un travail de machine. De la même façon, tout est fait par la machine de l’État, car elle fait marcher le mécanisme des esprits individuels dont aucun ne suit son impulsion propre. L’État cherche par sa censure, par sa surveillance, sa police, à faire obstacle à toute activité libre et tient cette répression pour son devoir, parce qu’elle lui est imposée comme un devoir par l’instinct de sa conservation personnelle. L’État veut faire quelque chose des hommes, c’est pourquoi l’homme est dans l’État quelque chose d’artificiel, de fabriqué ; celui qui veut être Lui-même est son adversaire et « n’est rien ». « Il n’est rien » veut dire simplement que l’État ne l’emploie pas, ne lui laisse prendre aucune situation, aucune fonction, aucune profession, etc…

E. Bauer rêve encore dans ses Tendances libérales (II, 50) d’un gouvernement qui sortirait du peuple et qui ne pourrait être en opposition avec lui. À la vérité, il retire le mot même de « gouvernement ».[1] « Dans la République, il n’y a pas de gouvernement, il n’y a qu’un pouvoir exécutif. Un pouvoir qui est issu du peuple, purement et simplement, qui, en face du peuple, n’a pas

  1. Je répéterai à propos des réflexions qui vont suivre la remarque que j’avais faite à la suite du chapitre : le libéralisme humain ; ces réflexions furent écrites aussitôt l’apparition du livre en question. Stirner.