Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/335

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véritable », l’une sous la forme du « vrai croyant », l’autre sous la forme du « vrai citoyen » ou du « vrai sujet ». En fait, il ne s’agit que de savoir si c’est le divin ou si c’est l’humain qu’on appelle la destination de l’homme.

Politique et religion considèrent l’homme au point de vue du devoir : il doit être ceci et cela, il doit être tel et tel. Avec ce postulat, avec ce commandement, on marche en avant des autres, mais aussi de soi-même. Ces critiques disent : tu dois être un homme complet, un homme libre. Et ils sont encore tentés de proclamer une nouvelle religion, d’établir un nouvel absolu, un idéal, la liberté. Les hommes doivent devenir libres. Et il pourrait surgir des missionnaires de la liberté comme ces missionnaires de la foi que le christianisme répandit dans le monde, convaincu que tous les hommes étaient par leur essence même destinés à être chrétiens. La liberté alors, comme antérieurement la foi sous forme d’Église, la moralité sous forme d’État, se constituerait comme une nouvelle communauté qui serait le foyer d’une semblable « propagande ». Certes, rien ne s’oppose à ce qu’on agisse en commun, mais il faut d’autant plus combattre tout rajeunissement de la vieille Providence, faire obstacle aux doctrines de développement, bref à ce principe qu’il faut faire quelque chose de nous, des chrétiens, des sujets, des hommes libres ou des hommes, peu importe.

On peut bien dire, avec Feuerbach et les autres, que la religion a fait sortir l’humain de l’homme et l’a refoulé dans un au-delà où, devenu inaccessible, il mène l’existence de l’Individu en soi, d’un Dieu ; mais l’erreur de la religion n’est par là nullement épui-