Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/338

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seulement parce que je suis unique que je donne à l’homme l’existence.

L’histoire cherche l’homme ; mais il est moi, toi, nous. On le cherche comme un être mystérieux, divin ; on cherche le Dieu, puis l’homme et l’on trouve l’individu, l’être fini, l’unique.

Je suis propriétaire de l’humanité, je suis l’humanité et ne fais rien pour le bien d’une autre humanité. Tu es fou, toi qui es une humanité unique, de faire ostentation de vivre pour une autre humanité que toi-même.

Le rapport jusqu’ici considéré du moi au monde des hommes offre une telle richesse de manifestations, qu’il faut sans cesse y revenir quand les circonstances se modifient ; mais ici où il ne s’agit que d’avoir une vue générale de ce rapport, il faut le briser pour permettre de percevoir les deux autres forces suivant lesquelles il rayonne. Comme je me trouve en rapport non-seulement avec les hommes, en tant qu’ils représentent le concept « hommes » en soi ou qu’ils sont enfants des hommes (l’enfant de l’homme est pris dans le même sens qu’enfant de Dieu), mais encore avec ce qu’ils ont de l’homme et nomment leur propriété et qu’ainsi je ne me rapporte pas seulement à ce qu’ils sont par l’homme, mais encore à leur avoir humain : ainsi en dehors du monde des hommes, le monde des sens et des idées devra être mis en discussion et il y aura quelque chose à dire de ce que les hommes appellent leur propriété, qu’il s’agisse des biens sensibles ou des biens spirituels.

À mesure que l’on a développé le concept de l’homme et qu’on se l’est représenté, on nous l’a donné à vénérer comme telle ou telle « personnalité de respect », et de la conception plus vaste de