Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/37

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est un exemple), ou bien c’est le bâton qui a raison de l’homme, ou c’est l’homme qui a la victoire sur le bâton.

Dans l’enfance, l’instinct d’affranchissement se manifeste par la tentative d’aller au fond des choses et d’arriver à les connaître : par suite, nous épions tous leurs points faibles — en cela les enfants ont un instinct des plus sûrs — nous nous plaisons à détruire, à fouiller toutes leurs cachettes, nous cherchons à surprendre tout ce qui se dérobe, tout ce qui est voilé, nous nous cherchons nous-mêmes dans tout. Quand enfin nous avons découvert, nous nous sentons sûrs de nous ; par exemple, quand nous avons reconnu que les verges sont trop faibles contre notre fierté, nous ne les craignons plus, « nous sommes trop grands pour la férule. »

Derrière la férule, plus puissante qu’elle, il y a notre fierté, notre âme orgueilleuse. Nous venons aisément à bout de tout ce qui nous apparaissait désagréable et inquiétant, du pouvoir sinistre et redouté de la férule, de la mine sévère du père, etc., et derrière tout, nous trouvons notre ataraxie, en d’autres termes notre intrépidité, notre impavidité, notre force de réaction, notre supériorité, notre obstination que rien ne peut briser. Ce qui d’abord nous inspirait crainte et respect ne nous fait plus peur, nous avons pris courage. Derrière toute chose nous trouvons notre courage, notre supériorité ; derrière les ordres durs des supérieurs et des parents, il y a le bon plaisir de notre fierté ou les ruses de notre prudence. Et plus nous avons le sentiment de nous-mêmes, plus petit nous apparaît ce qui d’abord nous semblait invincible. Or, qu’est-ce donc que notre ruse, notre prudence, notre courage, notre fierté, qu’est-ce que tout cela, sinon — l’Esprit ?