Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/370

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Par là l’esprit fut tourné à acquérir l’humain vers lequel désormais tous furent attirés, et il en est résulté ce courant qui sous le nom de « matérialisme » a suscité tant de critiques.

Le socialisme a essayé de le barrer en répandant l’idée que l’humain ne vaut pas qu’on se donne pour lui tant de peine, et qu’on peut y atteindre par une sage organisation sans qu’il soit besoin d’une grande dépense de temps et de forces, comme il avait paru jusque-là nécessaire.

Mais pour qui ce temps gagné ? Pourquoi l’homme a-t-il besoin de plus de temps qu’il ne lui en faut pour renouveler sa force de travail ? Ici le communisme se tait.

Pourquoi ? pour jouir de soi comme Unique, après qu’il a fait sa tâche comme homme.

Dans sa première joie de pouvoir étendre la main vers toute chose humaine, l’homme y a tendu toutes ses forces et a oublié de vouloir autre chose, comme si le but de tous nos vœux devait être de posséder les choses humaines.

Mais on a fini par se fatiguer de courir et peu à peu on remarque que « ce n’est pas la richesse qui fait le bonheur ». C’est pourquoi on pense à se procurer à meilleur prix le nécessaire, et à n’y employer que juste ce qu’il faut de temps et de peine. La richesse se déprécie, et la misère satisfaite, la gueuserie insouciante devient un idéal séduisant.

Toutes ces activités humaines dont chacun se croit capable méritent-elles tant d’honneur et faut-il qu’on y emploie toutes ses peines, toutes ses forces vitales ? Déjà dans la formule banale « si seulement j’étais ministre, etc., il faudrait que cela marchât autrement » s’exprime la confiance que l’on se tient pour capable de