Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/390

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« L’ambiguïté de la précédente proposition disparaît si nous la traduisons ainsi : La liberté de la presse hautement réclamée par les libéraux est assurément possible dans l’État et même elle n’est possible que dans l’État, parce qu’elle est une permission ; il faut donc que celui qui permet, l’État, existe. En tant que permission, ses limites confinent à l’État même, qui volontairement ne devra pas autoriser plus que ne pourront supporter l’État et le salut public : il les lui assigne comme loi de son existence et de son extension. Qu’un État puisse supporter plus ou moins, il n’y a là qu’une distinction quantitative qui cependant tient au cœur des libéraux politiques : ils ne veulent, en Allemagne par exemple « qu’une faculté plus vaste et plus large de la parole libre. » La liberté de la presse que l’on recherche est une cause du peuple et avant que le peuple (l’État) ne la possède, je n’en puis faire usage. Du point de vue de la propriété de la presse il en est autrement. Mon peuple peut bien être privé de la liberté de la presse, je cherche par ruse ou par force à faire imprimer. — Je ne prends ce droit d’impression que de moi, de ma force. »

« si la presse est mon bien propre, je n’ai pas besoin pour m’en servir de la permission de l’État, pas plus que je n’implore cette permission pour me moucher. La presse est ma propriété à partir du moment où il n’y a plus rien au-dessus de moi : car dès lors, État, Église, peuple, société cessent d’exister, parce qu’ils ne doivent leur existence qu’à la mésestime que j’ai pour moi-même : dès que je cesse de me dédaigner, ils s’effacent d’eux-mêmes : ils n’existent que lorsqu’ils sont au-dessus de moi, ils n’existent que comme des puissances et des puissants. Autrement dit, imaginez-vous