Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/478

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travail que tu peux abandonner quand tu n’y as plus goût. De même si tu ne peux plus croire à une cause, tu n’as pas à te contraindre à y croire ou à continuer de t’en occuper comme d’une vérité sacrée de la foi, ainsi que font les philosophes ou les théologiens, mais tu peux lui retirer ton intérêt et la laisser courir. Les esprits prêtres à coup sûr prendront en mauvaise part ton désintéressement qu’ils t’appelleront « paresse, légèreté, endurcissement, égarement », etc. Mais ne t’arrête pas à cette bagatelle. Aucune cause, aucun soi-disant, « intérêt supérieur de l’humanité », aucune « cause sacrée » ne vaut la peine que tu la serves et que tu t’en occupes simplement pour elle ; cherche seulement si elle a une valeur pour ton intérêt personnel. Soyez comme les enfants, dit la parole de la Bible. Mais les enfants n’ont pas d’intérêt sacré et ne savent rien d’une « bonne cause ». Ils savent d’autant plus exactement où tend leur tempérament et apportent toute leur attention aux moyens d’y atteindre.

On ne cessera jamais de penser pas plus que de sentir. Mais le pouvoir des pensées et des idées, la domination des théories et des principes, la suprématie de l’esprit — bref la hiérarchie durera tant que les prêtres, c’est-à-dire les théologiens, philosophes, hommes d’État, philistins, libéraux, maîtres d’école, parents, enfants, époux, Proudhon, Georges Sand, Bluntschli, etc., etc., auront la parole. La hiérarchie durera tant qu’on croira aux principes, qu’on y pensera ou même qu’on en fera la critique ; car même la critique la plus impitoyable, qui mine tous les principes existants, croit finalement au principe.

Chacun critique, mais les criteriums sont différents. On poursuit le « vrai » criterium. Le vrai criterium est