Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/50

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colombe, les deux faces de l’antique libération de l’esprit, cœur et intelligence sont si parfaites qu’elles apparaissent de nouveau jeunes et neuves et ne se laissent plus abuser par ce qui appartient au monde, à la nature.

Ainsi les anciens se sont efforcés vers l’esprit et ont cherché à se spiritualiser. Mais un homme qui veut exercer une action comme esprit est amené à accomplir des tâches tout autres que celles qu’il a pu se proposer d’abord, qui mettent effectivement en œuvre l’esprit et non pas seulement le bons sens pur et simple ou la perspicacité dont l’unique but est de se rendre maître des choses. L’esprit tend uniquement à la spiritualité et recherche en tout les traces de l’esprit : pour l’esprit du croyant « toute chose vient de Dieu » et n’a d’intérêt pour lui qu’en tant qu’elle manifeste cette origine ; à l’esprit philosophique tout se présente avec l’estampille de la raison et ne l’intéresse que s’il y peut découvrir la raison, c’est-à-dire, un contenu spirituel.

Ce n’est pas l’esprit que les anciens mettaient en œuvre, l’esprit qui n’a absolument rien à faire avec ce qui n’appartient pas à l’esprit, avec les choses, mais qui s’adresse à l’être qui existe derrière et au-dessus des choses, à la pensée ; non ce n’est pas l’esprit car ils ne l’avaient pas encore ; ils tendaient, ils soupiraient vers lui ; ils le fortifiaient contre son ennemi le plus puissant, le monde sensible — mais qu’est-ce qui n’aurait pour eux appartenu au monde sensible, alors que Jéhova ou les dieux des païens étaient encore bien loin du concept « Dieu est Dieu », alors que la « patrie céleste » n’avait pas fait encore son apparition à la place de la patrie, idée sensible. Ils aiguisaient contre le monde sensible le sens commun, la pénétration.