Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/59

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préhensible encore s’éclairera, espérons-le, dans les développements ultérieurs.

Acceptons l’héritage que nous ont laissé les anciens et travaillons activement à en tirer tout ce qu’il est possible. Le monde gît méprisé sous nos pieds, profondément au-dessous de nous, au-dessous de notre ciel dans lequel ses bras puissants n’ont plus accès, où son souffle affolant ne pénètre plus. Quelque séductions qu’il emploie, il ne peut plus rendre fous que nos sens, mais il n’égare pas l’esprit, or en vérité nous ne sommes qu’esprits.

Après s’être avancé derrière les choses pour arriver à les découvrir, l’esprit s’est élevé au-dessus d’elles, s’est délivré de leurs liens et est devenu un affranchi, un être libre et appartenant à l’au-delà. Ainsi parle « la liberté spirituelle ».

À l’esprit qui après de longs efforts a rejeté ce monde, à l’esprit pour qui il n’y a pas de monde, après la perte de ce monde et de ses matérialités il ne reste rien — que l’esprit et la spiritualité.

Cependant comme il se tient seulement éloigné du monde et s’est simplement libéré de lui, sans avoir pu l’anéantir, ce monde demeure pour lui une pierre d’achoppement qu’on ne peut écarter du chemin, un être discrédité, et comme d’autre part il ne connaît et ne reconnaît qu’esprit et spiritualité, il doit perpétuellement aspirer à spiritualiser le monde, c’est-à-dire à le délivrer de sa « tare ». C’est pourquoi il va comme un jeune homme avec des plans de délivrance et d’amélioration du monde.

Les anciens servaient comme nous l’avons vu, le naturel, le temporel, l’ordre établi dans la nature, mais ils se demandaient continuellement s’ils ne pouvaient