Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/71

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— Au contraire c’est ce qu’il y a de plus réel, de plus proprement vrai au monde : c’est la vérité même ; si je pense vrai, je pense la vérité. À vrai dire je puis me tromper sur la vérité et la méconnaître ; mais si véritablement je connais, le sujet de ma connaissance est la vérité. — Ainsi, tu cherches de tout temps à reconnaître la vérité ? La vérité m’est sacrée. Il peut se faire que je trouve une vérité imparfaite et que je la remplace par une meilleure, mais je ne puis abolir la vérité. Je crois à la vérité, c’est pourquoi je la sonde ; au-dessus d’elle rien ne va, elle est éternelle.

Sainte, éternelle est la vérité, elle est le Saint, l’Éternel. Mais toi qui te laisses pénétrer et guider par cette chose sainte, tu es toi-même sanctifié. Le Saint en soi n’existe pas pour tes sens, jamais comme être sensible tu ne découvres sa trace, le Saint n’existe que pour ta foi, ou plus précisément pour ton esprit ; donc le Saint est lui-même spirituel, il est esprit pour l’esprit.

On ne se débarrasse pas du Saint aussi facilement que beaucoup le croient, qui ne veulent plus employer ce mot « qui n’est plus de saison. » Que si, dans un cas particulier, on veut me faire injure en me traitant d’ « égoïste » c’est qu’on conserve la pensée de quelque chose que je dois servir plus que moi-même, qui doit être pour moi plus important que tout, bref de quelque chose où je devrais chercher mon vrai salut et qui est « Saint ». Il se peut que ce Saint ait encore des apparences humaines, qu’il soit l’humain lui-même ; cela ne lui enlève aucunement sa sainteté, cela fait tout au plus un Saint supra-terrestre un Saint terrestre, et du divin, l’humain.

Le Saint n’existe que pour l’égoïste qui ne se reconnaît pas, pour l’égoïste involontaire qui toujours est