Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/74

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considérées « à bon droit » comme révélation de ce concept fussent privées de leur caractère sacré. L’homme dépasse tout homme individuel, il est « son être » et cependant il n’est pas son être à lui, car il serait aussi particulier que l’individu lui-même, tandis qu’il est quelque chose de général et de supérieur, et même, pour les athées, l’Être Suprême. Et de même que les révélations divines ne sont pas signées de la main de Dieu, mais nous sont manifestées par les « instruments du Seigneur » de même le nouvel Être Suprême ne signe pas lui-même ses manifestations, mais les fait venir à notre connaissance par les « vrais hommes ». Seulement le nouvel Être décèle une conception plus immatérielle que l’ancien Dieu qu’on représentait sous une forme corporelle, tandis que le nouveau demeure d’une spiritualité absolue, et se passe d’un corps matériel particulier. Pourtant il n’est pas dénué d’être corporel, mais il est d’une apparence bien plus trompeuse, parce qu’il semble plus naturel et plus terrestre ; ce n’est pas autre chose que tout homme en chair et en os, bref, l’humanité, « tous les hommes. » Le caractère fantasmatique de l’esprit s’est matérialisé dans un corps apparent et est redevenu ainsi très populaire.

Donc saint est l’Être Suprême et tout ce en quoi il se manifeste ou se manifestera ; sanctifiés sont ceux qui reconnaissent l’Être Suprême, y compris ce qui est sien, c’est-à-dire y compris ses manifestations. Le Saint sanctifie en retour son adorateur qui par son culte même devient un saint et dont toutes les actions désormais sont saintes : un saint commerce, des pensées et des actions saintes, de saintes aspirations, etc.

La dispute sur la question de savoir ce qu’il faut vénérer comme Être suprême n’a de signification que