Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tournés vers Berlin. Au Parlement de Francfort c’était une oscillation constante entre la fidélité au passé et l’espoir que donnait la jeune puissance du Nord. Mais Metternich continuait à exercer de Vienne, sur toute l’Allemagne et sur la Prusse même, sa politique de réaction. La censure était l’instrument principal du gouvernement, car il s’agissait de faire obstacle au mouvement intellectuel qui menaçait de tout emporter.

Le danger en effet venait de partout. La critique historique et la philosophie elles-mêmes, occupées des événements d’un autre âge ou de l’idée pure, étaient hantées par les préoccupations de l’heure. L’agitation unitaire recrutait ses adhérents dans les partis les plus différents. Mais l’accord existait sur ce point qu’il fallait éliminer l’Autriche comme élément de résistance et de stagnation entravant la marche en avant de la jeune Allemagne. Vers le Rhin, sous l’action de Gervinus, l’agitation prenait un caractère libéral et démocrate, tandis que Dahlmann, fermé au libéralisme, voyait la Prusse appelée à grouper autour de son roi, investi par Dieu, l’Allemagne définitivement une et conservatrice.

Or, quand la fièvre était partout, quelques années après la mort d’Hegel, Stirner écrivit froidement son livre.

Malgré ses très honorables efforts, M. J. H. Mackay n’a pu dissiper entièrement l’obscurité qui entoure l’existence de Stirner. Nous apprenons qu’il est né à Bayreuth en 1806 ; son père était fabricant d’instruments à vent. Stirner encore tout enfant perd son père. Sa mère se remarie bientôt et va vivre à Berlin, mais lui demeure à Bayreuth chez son parrain qui prend soin de ses études. Plus tard il va à Berlin, s’inscrit à l’Université et suit les cours d’Hegel et de Schleiermacher. Il ne peut parvenir au grade de docteur et s’établit professeur libre. Il enseigne à Berlin dans un pensionnat de jeunes filles, situation qu’il conserve jusqu’à la publication de « l’Unique ». Il fut marié deux fois. Sa seconde femme, Marie Dännhardt, le quitta quand vinrent les jours noirs. Quelques semaines avant l’apparition de son livre, il abandonna sa place, simplement par dignité personnelle, jugeant qu’il y avait