Page:Stowe - Marion Jones.djvu/59

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vement son travail, retirant son épingle pour allonger la couture, et la replaçant pour redoubler d’ardeur et de vitesse.

Silence elle-même s’avoua enfin vaincue ; elle se livra, comme sa sœur, à un élan de gaieté convulsive. Alors notre héros détacha son ouvrage, et le repliant avec soin, il la regarda avec l’assurance d’un triomphateur, et dit à Marion :

— Votre sœur avait une si grande quantité d’oreillers à faire pour ce soir, qu’elle en paraissait toute découragée, et elle m’a invité à lui en expédier une demi-douzaine ; elle était si affairée quand je suis entré, qu’elle n’a pas eu le temps de me parler.

— Par exemple, si vous n’êtes pas le premier des effrontés !… dit miss Silence.

— Dites plutôt le premier des travailleurs… C’est ce que je pensais.

Marion, qui toute la journée s’était sentie des dispositions tragiques et qui n’avait songé à rien moins qu’à prononcer une éternelle séparation entre elle et son ami, fut complètement révolutionnée dans ses idées par cette nouvelle direction que leur donnait cette plaisanterie, tandis que notre héros cherchait à conserver les avantages