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mana de l’orgue, sont formulés en mode mineur, pour renforcer d’une nuance plus expressive encore, le coloris ténébreux du monstre déchaîné.

Donc, non seulement la ligne mélodique qui n’est qu’un long zig-zag, semble ramper comme un reptile vénéneux, mais le timbre même des instruments s’associe à ces sinuosités tortueuses par de sourds grondements, où l’on croit entendre le rugissement de quelque fauve, guettant sa proie[1].

La scène où Ortrude, jointe à son mari déchu, conspire pendant la nuit la perte d’Elsa, au pied du château de celle-ci, est une de ces conceptions capitales dont on ne saurait avoir le pendant que dans les maîtres du pinceau ou du burin.

Les grincements caverneux de la Macbeth germanique, renforcés par les trémolos haletants des cordes, vous donnent positivement le frisson.

C’est ainsi que j’aurais voulu voir caractérisé

  1. Grétry a imaginé d’aligner des notes en cercle, pour dépeindre les anneaux de la chaîne d’un prisonnier. C’est subtil, enfantin même. L’esprit y a toute la part, le sentiment aucun. Et pourtant Grétry, à chaque page de ses mémoires, place le sentiment au-dessus de tout.