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dialogue réaliste résulte des huit trompettes accordées en quatre tons différents (mi bémol, , mi et fa) et faisant leur entrée isolément, chacunes dans leurs tons respectifs, sur une figure de basse continue qui simule le grand tumulte des chevaux…[1] !

La basse dure sans discontinuer en triolets croches, pendant plus de cent mesures, jusqu’à l’entrée des quatre trompettes de l’empereur, qui, à travers tout l’opéra, font retentir la même fanfare éclatante, dès que le monarque paraît.

La phalange des trompettes seigneuriales les saluent tour à tour, s’y joignent et éclatent toutes simultanément. Une sorte de marche hiératique, pleine d’une imposante grandeur, est chantée successivement en deux tons différents, par les gros cuivres, et laisse présager l’accomplissement d’un grand événement.

À ceux qui s’offusqueraient, dès le début du drame, de cette profusion de sonorité métallique, je me contenterai de dire :

Il ne s’agit point, dans une œuvre d’inspiration, de calculer froidement les effets matériels, en vue d’en arriver finalement, et en passant du simple au composé, à des résultats de sur-

  1. Consultez, à ce sujet, la belle étude de Liszt, p. 89.