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Voltaire, à son tour, l’aimable et spirituel poëte les ensorcelait pour ainsi dire , et ce qu’il raconte de « toutes ces princesses jadis retenues dans des châteaux enchantés par des nécromans , » lui est, en bien des points, applicable. Lancé, dès son extrême jeunesse, à Paris, dans la compagnie « de ceux qui font des vers , de ceux qui les récitent, de ceux qui les notent , de ceux qui les chantent, de ceux qui s’y connaissent, » il se délassa, plus tard, par la culture assidue de tous les beaux-arts , de ceux surtout dont le pouvoir moral lui paraissait considérable :

Olim poteram canendo ducere noctes.

« Allez, allez, laissons dire, écrit-il à de Moncrif, les beaux-arts sont honorés. On dansait, dans le règne de Louis XIV, on chante, dans celui de Louis XV, et moi je chante vos louanges avec ma voix aussi enrouée que celle de M. Richelieu ; mais c’est de bon cœur. » Il gambadait aussi , bien qu’il s’en défende. Après avoir passé seize heures de la journée à embellir les arts , dit Noverre1 , « il se plaisait à descendre sur terre, à danser les soirs des branles , à rire de mauvais contes bleus, et à les trouver couleur de rose. » Il rajeunissait à ces délassements, c’était sa fontaine de Jouvence. Pourrait-on compter les gavottes et les sarabandes qu’il aura exécutées avec sa sémillante amie, qui, elle aussi , se plaisait aux divertissements de la danse : << La dernière (pièce de théâtre) a été suivie d’un bal qu’on n’attendait pas , et qui s’est formé tout seul, mande Voltaire à Mme de Champbonin. Jamais elle (la marquise du Chàtelet) n’a mieux dansé au bal ;


1Vie de Garrick, etc. Paris, an IX, p. 161.