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Page:Stretser - Description de la Forêt noire, 1770.djvu/35

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arroser la semence n’y produit aucuns fruits. Le caprice de quelques-uns des habitans du Merryland est souvent tel, qu’ils choisissent de préférence ces terres infertiles que vous arrosez vainement de vos sueurs, et qui ne payent pas le labour. Ces gens, il faut l’avouer, ne manquent pas de raisons pour justifier cette façon de penser ; ils la fondent sur les inconveniens qu’occasionne une terre de trop grand rapport. N’est-il pas triste pour un pauvre homme d’avoir beaucoup de fruits, et de ne savoir où les loger ? S’il les laisse périr, c’est un misérable banni de la société. Ce cas est embarrassant ; car, ce qui est singulier, le maître de la moisson ne peut la vendre tout de suite, il faut qu’il la garde plusieurs années avec beaucoup de soins et de dépenses, pour l’entretenir saine et sauve, la préserver de tout ce qui pourroit l’altérer, l’échauffer, la corrompre, avant qu’elle puisse le récompenser de ses travaux. Tristes réflexions pour de pauvres fermiers.