Aller au contenu

Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOUVENIRS SUR LE SYMBOLISME

Absent de France de 1885 à 1889, je n’ai participé que de très loin au début du Symbolisme quoique j’aie collaboré peu ou prou à la plupart des revues qui parurent entre ces deux dates : à la Basoche, au Scapin, au Décadent, à la Décadence, aux Écrits pour l’art, à la Wallonie, à la Revue Wagnerienne, etc. Je crois bien que les seuls sommaires qui ne portent pas mon nom sont ceux de Lutèce et de la première Pléiade.

Parlons de quelques-unes de ces revues dont je feuillette avec émotion les collections maculées et poussiéreuses. Nous y mîmes tant d’espoir, de courage et de foi, et tant d’argent péniblement amassé ! Les poètes de ce temps se privaient souvent de dîner pour assurer une existence éphémère à quelque petite feuille que personne ne lisait. Les débutants d’aujourd’hui ne peuvent se faire une idée de l’indifférence du public de 1885 à l’égard de la poésie. Aucune revue ne publiait des