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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/135

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M. Charles Morice. Si je rappelle cet épisode, c’est pour contraster l’attitude résolument libertaire des poètes symbolistes avec celle de certains poètes nouveaux qui ont ressuscité, sous le même nom, la même école. Est-il nécessaire d’ajouter que M. Charles Morice, l’auteur si fier et si patient de l’Action Humaine, n’avait pas de plus dévoués admirateurs que ceux-là mêmes qui refusaient de devenir ses élèves ?

M. Adolphe Retté consacre un chapitre spécial aux morts et aux disparus, Édouard Dubus, Albert Aurier, Emmanuel Signoret, Louis Le Cardonnel. Je regrette qu’il n’ait pas cru devoir parler de quelques habitués de la Côte d’Or, morts, hélas ! Paul Gauguin, Clément Bellenger et Julien Leclercq. J’en dirai quelques mots.

J’étonnerai beaucoup de critiques qui ont déduit de ses œuvres tant de théories, en disant que je n’ai jamais entendu Gauguin parler peinture. Il écoutait avec une admirable patience, les lèvres ourlées et les paupières plissées en un demi sourire ironique, nos mirobolants discours sur l’art, son origine et sa fin, mais il se gardait bien de nous faire part de ses idées, à supposer qu’il en eût. Me permettra-t-on une opinion personnelle ? Je crois que Gauguin se livra tout entier à son tempérament de coloriste brutal et de sauvage