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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/141

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simplement un des plus grands graveurs sur bois du xixe siècle. Il était célèbre en Angleterre et aux États-Unis, où les magazines entretiennent encore le goût d’un art qui se perd peu à peu en France. Bellenger, vers la fin de sa vie, trouvait avec difficulté du travail. L’eau forte, dans les éditions de luxe, avait remplacé la gravure sur bois. Dans de pareilles conditions, un artiste est excusable de défendre comme il peut ses intérêts vitaux, de se réserver autant que possible le monopole de son art. Mais Clément Bellenger était de cœur trop généreux pour s’abaisser à de tels calculs ; malgré une gêne qui confinait à la misère, il continua à former des élèves. Aucun de ceux qui l’ont connu ne peut l’oublier. C’était la bonté, la douceur et la générosité mêmes. À ses charmantes qualités s’ajoutait le don si rare de l’admiration. Il fallait l’entendre parler de son maître, de son ami, de son dieu, Daniel Vierge ! Ce timide s’abandonnait parfois à de soudaines violences, et, les joues allumées, il se lançait à tête perdue contre nos paradoxes qui irritaient son exquise sincérité.

D’autres venaient plus rarement aux dîners de la Côte d’Or, comme Albert Trachsel, l’architecte des Fêtes réelles, dont j’ai jadis parlé dans cette revue, de Niederhausern-Rodo, l’auteur du monument Verlaine dont nous attendons toujours