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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/147

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d’une oreille distraite. S’il fut mal compris par quelques-uns, c’est qu’il fut incapable de la moindre hypocrisie. Il se montrait tel qu’il était sans dissimuler ses tentations, ses fautes et les affres de son repentir. J’ai rarement approché âme plus noble et plus pure. Je pense à lui avec émotion, et je souhaite, quoique délibérément incroyant et hostile à toute religion, qu’il ait trouvé dans sa foi la paix du cœur et de l’esprit. Je suis infiniment heureux d’apprendre qu’il publiera prochainement un volume de vers. Qu’importe que ceux-ci soient d’inspiration catholique ? Lesquels ont le mieux compris les livres mystiques de Verlaine, des catholiques et des incroyants ? la réponse n’est pas douteuse. Louis Le Cardonnel est — avec quelques autres, tel le critique Alphonse Germain et le poète Adrien Mithouard — l’honneur de l’Église. Pourquoi faut-il que ce soient les adversaires de leur dogme qui les admirent, les estiment et les aiment le mieux ? Peut-être, au-dessus de la vaine clameur de nos querelles, est-il, inouï de la plupart des hommes, un langage mystérieux, sans signes ni vocables, que comprennent seuls les poètes ?

En sortant le samedi soir de la Côte d’Or, nous allions aux soirées de la Plume. De ces fameuses soirées, je n’ai pas la prétention de parler après Léon Maillard, Ernest Raynaud et Adolphe Retté