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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/222

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triment et pleurent et meurent dans les quartiers tristes de Paris.

Son style même se ressentait de ses fréquentations. Sa phrase, lorsqu’il essayait de décrire la misère physique ou morale de ses lamentables héros, se laissait aller à l’affaissement, à l’éraillement, au dégingandement. Rarement écrivain mérita mieux qu’on dît de lui : « Le style est l’homme même. »

Aussi m’est-il impossible, en parlant de lui, de ne pas confondre dans le même souvenir l’auteur et l’œuvre. Je ne saurais séparer la Bonne Madeleine et la pauvre Marie, la Mère et l’enfant, Bubu de Montparnasse, le Père Perdrix, Marie Donadieu et Croquignole de celui qui les connut, les comprit et les aima. Charles-Louis Philippe ne créait pas ses types, il les rencontrait. Il dut le meilleur de son art à l’observation attentive et attendrie de la vie, comme Dickens, Daudet et Dostoïewski.

Charles-Louis Philippe, lorsque je fis sa connaissance, était un petit homme au nez flaireur, à la mâchoire déformée par une cruelle opération, au grands yeux avides de myope. Il était à la fois fort timide et fort sensitif, de sorte qu’il rougissait souvent, soit de confusion, soit sous l’empire d’une autre émotion.

L’expression dominante de sa physionomie