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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/266

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XII

J’ai vu ce soir Venise si sombre qu’on n’aurait pu la rendre en image que par la mine de plomb, en y frottant, contre trois lointaines vitres luisantes, un peu de pastel rose.

XIII

Je me souviens avec une infinie douceur d’un pan de vieux mur croulant dans l’eau stagnante d’un rio où passaient bien rarement des barques chargées de fruits ou de légumes. L’eau marine et les siècles lui avaient donné des tons de porphyre et de jade. Çà et là, les sels avaient irisé ses pierres comme des opales, les avaient transmuées en rubis, ou les avaient verdies comme des émeraudes. Et le soir des beaux jours, un peu avant le crépuscule, le vieux mur étincelait sourdement sous un avant-dernier rayon de soleil, comme le trésor mystique de la vieillesse et de la pauvreté.

FLORENCE

I

Les fleurs de Florence parfument la mémoire. Voici, telle que je la revois cette année, la boutique d’un fleuriste, à la saison de la première commu-