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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/68

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en voit dans les carrefours éclatants de drapeaux les jours de fête.

Il y entre des filles en sueur, qui tortillent des hanches et de la croupe, et qui boivent du vin bleu…

De maigres garçons y dansent aussi, aux cravates roses magenta et vert de gris, et leurs talons tapent sur le plancher.

Des chiens ahuris, se flairant le cul, y viennent hâtivement ; puis épouvantés par un coup de grosse caisse, s’enfuient dans la poussière ensoleillée de la route, la queue entre les jambes.

Tous les cuivres de l’orchestre tonnent de travers, et les musiciens ressemblent à des Éoles cramoisis gonflant l’outre des vents. Et il m’est doux d’entendre vomir les valses douces à la crapule.

Les drapeaux ! Il est des drapeaux à la porte. Des drapeaux pour lesquels des millions d’hommes sont morts de siècle en siècle, dans des pays où la neige est plus silencieuse que l’oubli ; et dans d’autres où le soleil éclate comme la mort dans des creux blancs de chaleur.

Crachons, gueulons, vomissons, et merde pour les drapeaux ! Du vin bleu dans le ventre, une fille blanche entre les cuisses, et le rouge tonnerre de Dieu dans les oreilles ! Plus vite la valse !