Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/342

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que celui qui trouverait un trésor dans son propre fonds en resterait possesseur ; que si on le trouvait dans le fonds d’un autre, on en donnerait la moitié au propriétaire ; enfin, que le fisc en aurait également la moitié, si le fonds appartenait à l’État. Il ôta aux maîtres le droit de mort sur leurs esclaves, voulant, si ceux-ci le méritaient, qu’ils fussent condamnés par des juges. Il défendit de vendre à un marchand d’esclaves ou à un maître de gladiateurs un esclave ou une servante, avant d’en avoir déclaré le motif. Il condamna ceux qui, étant majeurs, avaient dissipé leur bien, à être bafoués en plein théâtre, puis chassés. Il supprima les prisons des esclaves et des affranchis. Les bains des hommes furent séparés de ceux des femmes. Lorsqu’un maître avait été tué dans sa maison, l’on ne donnait plus la question à tous ses esclaves, mais seulement à ceux qui avaient été à portée de voir ou d’entendre.

XVIII.

Il exerça en Etrurie la préture, étant empereur. On le nomma dictateur, édile et duumvir, dans plusieurs villes de l’Italie ; démarque, à Naples, et magistrat quinquennal, dans sa patrie. Il reçut aussi ce dernier titre à Adria, qu’il regardait comme sa seconde patrie ; enfin, il fut archonte à Athènes.

Il construisit des édifices et célébra des jeux dans presque toutes les villes de l’empire. A Athènes, il donna, dans le stade, le spectacle d’une chasse de mille bêtes sauvages. Il ne bannit de Rome aucun valet de chasse ni aucun comédien. Après d’immenses fêtes, données à Rome, il fit distribuer des aromates au peuple, en l’honneur de sa belle-mère. Il fit aussi, en mémoire de Trajan, arroser les gradins de l’amphithéâtre d’une fine pluie d’essences et de safran. On représenta sur la scène, suivant l’antique usage, des pièces de tout genre, et il permit aux acteurs de la cour de jouer en public. Il tua, dans le cirque, un grand nombre de bêtes fauves et souvent jusqu’à cent lions. Il fit exécuter plusieurs fois devant le peuple les danses militaires appelées pyrrhiques, et il assista fréquemment aux combats de gladiateurs. Quelques nombreux monuments qu’il eût élevés partout, il ne mit son nom à aucun, si ce n’est au temple de Trajan, son père. Il répara, dans Rome, le Panthéon, les Septes, la basilique de Neptune, une infinité de temples, le forum d’Auguste et les bains d’Agrippa. Il consacra tous ces édifices sous les anciens noms des fondateurs, et il ne donna le sien qu’à un pont, son ouvrage. Il fit construire son tombeau près du Tibre, et transporter à une autre place le temple de la Bonne Déesse. Le colosse fut enlevé, debout et suspendu, par l’architecte Décrianus, de la place où est maintenant le temple de la ville, et il fallut employer au transport de cette masse énorme jusqu’à vingt-quatre éléphants. Il consacra au Soleil cette statue, autrefois dédiée à Néron, dont elle offrait l’image ; et il chargea l’architecte Apollodore d’en faire une pareille, qu’il destinait à la Lune.

XIX.

Il était extrêmement affable, même avec les personnes de la plus basse condition, et il ne pouvait souffrir ceux qui lui enviaient les plaisirs de l’urbanité, sous le prétexte de maintenir la majesté du trône. Pendant son séjour à Alexandrie, il proposa en plein musée, aux professeurs, un grand nombre de questions, qu’il résolut lui-même. Marius Maximus dit qu’il était naturellement cruel, et que la crainte