Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/396

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du parricide soit traîné avec le croc ; qu’on traîne avec le croc le cadavre du gladiateur ; qu’on jette dans le spoliaire le cadavre du gladiateur. Prenez les avis, prenez les avis ; nous voulons tous qu’on le traîne avec le croc. Il a tué tout le monde ; qu’il soit traîné. Il n’a épargné aucun âge ; qu’il soit traîné. Il n’a épargné aucun sexe, qu’il soit traîné. Il n’a pas épargné les siens ; qu’il soit traîné. Il a dépouillé les temples ; qu’il soit traîné. Il a violé les testaments ; qu’il soit traîné. Il a dépouillé les vivants ; qu’il soit traîné. Nous avons obéi à des esclaves. Il a mis un prix au droit de vivre ; qu’il soit traîné. Il a mis un prix au droit de vivre, et n’a pas tenu ses engagements ; qu’il soit traîné. Il a vendu le sénat ; qu’il soit traîné. Il a spolié les héritiers ; qu’il soit traîné. Hors du sénat les espions ; hors du sénat les délateurs. Hors du sénat les suborneurs d’esclaves. Vous avez partagé nos craintes ; vous savez tout ; vous connaissez les bons et les méchants. Vous savez tout ; corrigez tous les maux. Nous avons craint pour vous. Nous sommes heureux, puisque vous régnez. Faites juger le parricide ; faites-le juger. Prenez les avis ; prenez-les ; nous demandons votre présence. Les innocents sont encore sans sépulture. Que le cadavre du parricide soit traîné. Le parricide a exhumé les morts ; que le cadavre du parricide soit traîné. »

XIX.

Sur l’ordre de Pertinax, donné par Livius Laurensis, son intendant, à Fabius Chilon, consul désigné, le cadavre de Commode ayant été enseveli la nuit, les sénateurs s’écrièrent : « Qui a ordonné de l’ensevelir ? Qu’on déterre le parricide, et qu’il soit traîné. » Cingius Sévère dit alors : « Il ne méritait pas de sépulture : je le dis en qualité de pontife, et le collège des prêtres le dit avec moi. Après avoir exposé ce qui doit nous rendre heureux, je dirai ce qu’il est nécessaire de faire. Mon avis est qu’il faut abattre les statues de celui qui, n’ayant vécu que pour la ruine des citoyens et pour sa propre honte, a obtenu par la terreur les distinctions qu’on lui a décernées. Qu’on renverse donc partout ces statues, et qu’on efface son nom de tous les monuments publics et particuliers ; enfin qu’on rende aux mois les noms qu’ils portaient avant que ce fléau désolât la république. »



L’EMPEREUR PERTINAX,

PAR JULES CAPITOLIN.

SOMMAIRE.

I. Origine du nom de Pertinax. Prodige arrivé à l’heure de sa naissance. Ses études. Il devient centurion et chef de cohorte. — 1I. Ses emplois militaires et civils. Ses exploits. — III. Sa cupidité. Il reste disgracié trois aus. Commode l’envoie en Bretagne, où il apaise une sédilion , au péril de sa vie. Son rappel. — IV. Ses nouvelles diguités. 11 est salué empereur par les meurtriers de Commode, puis par le sénat. — V. 11 est appelé Auguste, Père de la patrie, etc. Son premier mot d’ordre.

— VI. Les soldats veulent élire un autre empereur. Ses sages règlements lui font des ennemis. — VII. Son administration. 11 fait vendre tout ce qui avait appartenu à Commode, — VIII. ll réduit toutes les dépenses impériales. — 1X. Il rétablit l’ordre dans le trésor publie. Son avarice. — X. Le préfet Létus et quelques mécontents conspirent, aprés d’autres, contre sa vie. — XI. Trois ceuts soldats envahissent Ie palais et tuent Pertinax. — XII. Son portrait. Ses repas. — XIII. Son éloi« gnement pour le pouvoir. Ses enfants et sa femme. — XIV. Présages qui annoncèrent sa mort. Ses obsèques.

— XV. Des honneurs tardifs lui sont rendus sous l’empereur Sévère.


I.

Publius Helvius Pertinax avait pour père un affranchi, Helvius Successus, qui vendait du