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CEUX DE VERDUN

A taillé vos traits droits, vos fronts purs, vos joues brèves ;

Vous avez tous, à présent, des visages d’anges.

Vous avez tous maigri : le feu a fondu vos petits os ;

Et vos yeux, dans les orbites creuses, sont ceux mêmes des brûlants voyageurs que saint Michel conduit

Dans les gouffres de la géhenne, et qui n’y restent pas, étant la troupe qui porte le glaive avec des ailes.


XI


Et le sourire, la fleur de lis, la rose de la figure humaine,

L’œillet du cœur innocent fleurit toujours sur vos lèvres françaises ;

Il sourit pour mourir libre, le bonhomme de Verdun,

Pour rester digne de sa terre et de son blé,

Digne de manger son pain à sa guise,

Ou la croûte ou la mie, ou rassis ou bien frais,