Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/116

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Il faut bannir de l’art la superstition de la masse et les moyens de la quantité. Cette religion est celle de la musique depuis cent ans : elle est trop grossière. Quand un artiste nous fait toucher le fond du sentiment, quand il nous émeut dans ce cœur du cœur, qui est la rêverie de notre entendement d’amour, il possède le plus beau de l’art ; il en détient tous les prestiges. Berlioz, avec ses mille instruments, ses canons et ses bombardes, s’évanouit d’un seul coup devant un violon unique en un simple prélude de Jean-Sébastien Bach, Notre Père. On parle vainement du géant Victor Hugo et de Rubens, colosse : Verlaine et Watteau sont d’un bien autre prix. Et certes, ce n’est pas pour rien que Debussy, dans mon esprit, donne la main à Watteau et à Verlaine, les Trois Grâces Françaises.