Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/132

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mon sens qui ait jamais ajouté à une immortelle poésie. Car les chefs-d’œuvre des poètes n’ont que faire de musique le plus souvent : ils ont la leur, que l’autre sentimentalise et par là qu’elle abaisse. Mais ici il n’est plus question de redoubler l’expression. Le génie de Claude Debussy n’échoue pas à recréer le poème : il le transpose dans un autre monde. Une tristesse brûlante, une mélancolie sans pareille, où celle de Bach s’apparente seule ; la profondeur d’une émotion toujours accolée, dans la volupté, à la douleur et au néant, toute cette nature d’homme si musicale, parce qu’elle est d’une âme passionnée entre toutes, se fait jour et chante dans ces ballades. Je laisse de côté la dernière qui, à l’orchestre, est sans doute le plus beau jeu, le plus vif scherzo de la musique moderne, on ne sait quoi qui