Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/137

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À quelque douze ou quinze ans d’intervalle, je le rencontrai deux fois. La dernière, il était près de sa fin. Il payait de sa personne dans un concert de charité où l’on donnait de ses œuvres. La guerre l’a révélé passionnément de son pays, et, plus que Français, enraciné à son Île-de-France. Il venait d’être fort malade et on l’avait dit perdu : il l’était. Peu de temps après, il allait retomber dans le mal qui l’a tué. Je fus frappé, non point tant de sa maigreur ou de sa ruine que de son air absent et de sa lassitude grave. Il avait la couleur de la cire fondue et de la cendre. Ses yeux ne rendaient pas la flamme de la fièvre, mais le reflet lourd des étangs. Il n’y avait même pas d’amertume dans son sourire ténébreux : il y perçait plutôt un ennui de souffrir, et ces roseaux de l’an-