Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/139

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laissé croître son mal en le dissimulant. Les plus voluptueux sont parfois les plus jaloux de voiler leur chair ; surtout si elle est meurtrie. L’esprit y participe : la pudeur ombrageuse, le goût de la volupté et le souci de la perfection dans l’art ne se séparent guère. Ainsi Debussy nous a privés de toutes ses esquisses et même de fragments admirables : il a détruit tout ce qu’il n’a pas achevé ; il n’a rien voulu laisser que d’accompli.

Dans ces yeux qui fuyaient la rencontre, j’ai reconnu l’ironie désespérée qui est si naturelle à ceux qui vont quitter la vie pour ceux qu’ils y laissent. Entre eux, il est déjà un tel abîme. Ce jour-là, Debussy, quoi qu’on pût supposer ou qu’il pût espérer pour lui-même, a fait ses adieux. Il savait qu’il ne mettrait plus, en public, sur le