Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/84

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cette musique entre la sensation et l’intelligence. Ici, toute la sensibilité est intelligente, et l’intelligence est sensible. Ce caractère n’est au même degré que dans Parsifal et Tristan. Mozart se tient dans le plus heureux équilibre, sans doute ; mais il va moins loin dans la connaissance : bonheur de l’âme légère, il reste à la surface ; un petit monde lumineux, plein d’esprit et d’agrément ; mais les passions n’y ont pas ces lames de fond qui révèlent le néant ou l’univers, et qui emportent tout. En son art, Debussy veut être tout divertissement, et il s’élève de beaucoup au-dessus du divertissement. Une mesure si exquise doit être en lui l’effet d’une puissance égale : elle l’est, quoi qu’il semble. Tant l’opinion est grossière, la douceur et l’enveloppement de Pelléas font tort à la grandeur de cette