Page:Suarès - Les bourdons sont en fleur.djvu/64

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C FRANÇOIS;^ baisant la terre, a'»ec des soupirs et des sanglots. Jésus , mon Jésus ! Qui se fût livré com- me vous , s'il avait été sage ? N'allait-il pas , par les che- mins , cherchant son bourreau ? Où donc es-tu , boucher, afin que tu m'emmènes ? ^C'était le tendre Agneau d'Amour qui , vendu au plus dur des maîtres, s'en fut au devant du couteau , et tendit suavement le cou . Prends : voici ma tête. O Christ , tu m'as enivré d'amour . Collines , petites chèvres dans l'enclos , je vous aime . Je vous aime, lait de la lune que boit le lièvre; feuilles naïves, fillettes aux bras du chêne maternel, je vous aime ; et vous , étoiles , osselets des anges , cail- loux du paradis , et vous , cailloux , étoiles du chemin ! O arbres silencieux , saints ermites qui jamais ne quittez l'oraison, je vous aime, penchés sur le charme des sources . La nuit est une église merveilleuse . Voici mon corps, une dalle usée, une pierre de rebut pour le seuil . Ah ! ah ! il n'est aucun moyen d'échapper à l'amour extrême qui me ravit . Viens , loup brûlant de la possession : emporte ta brebis. Jésus, Jésus ! Vou- drais-je défendre mon cœur contre vos mains ? Quoi ! ce sont ces chères mains, les siennes, qui tirent de ma poitrine ce cœur exilé , pour le rentrer dans la sienne , où Jésus dciigne le placer ! Ce sont les siennes ! Ah !

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