Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/114

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La source


Ô lac, source sacrée dans le bois des douleurs.


J’habite une île, où la peine m’isole. Si âpre, si déserte et si chaude que j’y tombe, comme le pèlerin sur les routes de la Ville Sainte, dans les steppes pétrées de l’Asie. Je dors ainsi sur les sables brûlants, ou sur les rocs.

Je me réveille, couvert du sable que le vent de la nuit chasse sur ma face. À peine si je puis ouvrir mes yeux, les paupières chargées de poussière cuisante. Comme le pieux pèlerin, qui n’a pu faire ses ablutions depuis trente-sept jours,